Du 29 juillet 2020 au 4 janvier 2021
Informations pratiques | Donnez votre avis
L’exposition « Global(e) Resistance » au Centre Pompidou à Paris dévoile pour la première fois les œuvres de plus d’une soixantaine d’artistes réunies au cours de la dernière décennie, dont une majorité issus des Suds (Afrique, Moyen-Orient, Asie, Amérique latine), et se donne pour ambition d’examiner les stratégies contemporaines de résistance.
«Global(e) Resistance» pose également des interrogations théoriques, qui vont de l’articulation de l’esthétique et du politique au rapport même du musée au politique, au sein des mondes de l’art.
Résister à travers une pratique à la fois artistique et politique, voire activiste, a souvent été l’apanage d’artistes vivant dans des situations d’oppression ou d’inégalités. La fin de la colonisation a fait jaillir de nombreuses voix qui se sont élevées pour entamer de nouveaux chemins de résistance, que ce soit sur un plan purement politique ou pour questionner les histoires, les mémoires trop tenaces ou menacées de délitement. La résistance s’est également organisée grâce à l’art lui-même, de manière poétique ou discursive.
Le projet fait la part belle à la place de la contestation politique à l’heure des décolonisations et de l’effondrement des idéologies communistes après 1989 tout en abordant les relectures actuelles de l’histoire à travers l’excavation et la mise en mémoire. Il prend pour point de départ deux œuvres fondatrices des années 1990 issues de la collection du Centre Pompidou : le film The couple in the cage (1993), dans lequel Coco Fusco et Guillermo Gómez-Peña questionnent la persistance contemporaine de réflexes coloniaux, ainsi que la vidéo Partially Buried (1996), où Renée Green met au jour le rôle de la mémoire subjective dans l’écriture de l’histoire. Dans une époque de tumulte et d’urgence, il s’agit d’explorer comment ces contestations participent à la transformation des systèmes de pensées et modifient le regard sur le monde.
Le visiteur est accueilli dans le forum par la sculpture Rédemption de Barthélémy Toguo, révélée pour la première fois depuis son acquisition dans les murs du Centre Pompidou. L’œuvre évoque la rencontre Nord-Sud, le panafricanisme et la question de la rédemption et du salut des peuples. Le projet se déploie ensuite au quatrième étage des collections permanentes (galerie du musée, galerie d’art graphique, galerie 0) sur près de 1500m2. Le parcours est ponctué de slogans imprimés sur les murs, réalisés à partir d’œuvres de Barthélémy Toguo. Des œuvres-manifestes ouvrent l’exposition : Guy Ben Ner et Khalil Rabah évoquent le conflit israélo-palestinien, Teresa Margolles la frontière mexicaine, Yin Xiuzhen les conflits armés et Nadia Kaabi-Linke l’errance des migrants et des sans-abris.
Inspirée par Robert Smithson, l’œuvre de Renée Green structure dans un premier temps une stratégie de résistance polysémique pensée à l’échelle du paysage comme du territoire, mais aussi rattachée à une mémoire intime. L’imaginaire complexe de certaines villes comme Braddock (LaToya Ruby Frazier), Johannesburg (Subotzsky et Waterhouse), Dakar (Cheikh Ndiaye), marquées par le déclin économique, la contestation socio-politique ou la recomposition urbaine, hantent plusieurs œuvres.
Parallèlement, les artistes accompagnent la ferveur et les inquiétudes surgies des décolonisations (Kiluanji Kia Henda, Abdoulaye Konaté) et surtout en Afrique du Sud où persiste l’apartheid jusqu’en 1991 (Penny Siopis, Kemang Wa Lehulere, Sue Williamson). La mise en question de l’hypothèse communiste, abordée par The Propeller Group, et la progression d’un monde autoritaire, reflétée par l’installation de Pratchaya Phintong, sont le point de départ d’œuvres engagées qui tentent de réconcilier récits individuels et traumatismes collectifs. Les œuvres de Chim↑Pom et Yin Xiuzhen, elles, dénoncent la menace écologique. Dans une section plus contemplative, la littérature et la philosophie servent de réceptacles à une résistance plus souterraine comme dans le travail de Mohssin Harraki ou M’barek Bouhchichi ou dans l’œuvre emblématique Facing the Wall de Song Dong mêlant zen et combat spirituel.
Dans un second temps, dans la lignée de la mascarade amérindienne de Fusco et Gómez-Peña, certains résidus du monde colonial, en attente d’une recomposition multiculturelle, sont mis en lumière : le « cirque » ethnographique du « bon nègre » au Brésil (Jonathas de Andrade) est mis en négociation dans un monde qui ploie sous le poids des cicatrices (Otobong Nkanga). Plus loin, il s’agit d’envisager la question de la mobilité au cœur du système capitaliste contemporain : les migrations (Younès Rahmoun, Halil Altindere), le corps comme outil de résistance (Evelyn Taocheng Wang, Ming Wong) viennent nourrir une série d’œuvres pensées comme des traversées. Les luttes féministes sont enfin activées dans le travail de Susan Hefuna et de Marcia Kure, tout autant que de nouveaux questionnements sur les questions de genre.
Afin de rendre compte des engagements et stratégies des artistes un Salon et des vitrines documentaires envisagés comme un espace discursif accueillent le visiteur à l’entrée du 4ème. Ils mettent également en lumière les engagements de certains « lieux » de l’activisme basés en France.
Un catalogue est réalisé avec des essais de Christine Macel, Alicia Knock et Yung Ma autour des problématiques entre esthétique et politique, à partir des œuvres de la collection, grâce au soutien des amis du Centre Pompidou.
Christine Macel, conservatrice cheffe du service Création contemporaine et prospective
Alicia Knock, conservatrice
et Yung Ma
Les artistes invités:
Georges Adéagbo (Né en 1942 à Cotonou, vit et travaille à Cotonou et Hambourg)
Halil Altindere (Né en 1971 à Mardin, vit et travaille à Istanbul)
Jonathas de Andrade (Né en 1982 à Maceió, vit et travaille à Recife)
Malala Andrialavidrazana (Née en 1971 à Madagascar, vit et travaille à Paris)
Iván Argote (Né en 1983 à Bogotá, vit et travaille à Paris)
Kader Attia (Né en 1970 à Dugny, vit et travaille à Berlin)
Marcos Avila Forero (Né en 1983 à Paris, vit et travaille entre Paris et Bogotá)
Omar Ba (Né en 1977 à Loul Sessene, vit et travaille à Dakar et à Genève)
Sammy Baloji (Né en 1978 à Lubumbashi, vit et travaille à Bruxelles et à Lubumbashi)
Yto Barrada (Née en 1971 à Paris, vit et travaille à New-York)
Taysir Batniji (Né en 1966 à Gaza, vit et travaille à Paris)
Guy Ben-Ner (Né en 1969 à Ramat Gan, vit et travaille à Tel Aviv)
Lotfi Benyelles (Né en 1974 à Alger, vit et travaille à Fontenay-sous-Bois)
M’Barek Bouhchichi (Né en 1975 à Akka, vit et travaille à Tahannaout)
Jan Brykczynski (Né en 1979 en Pologne, vit et travaille à Varsovie)
Chen Chieh-Jen (Né en 1960 à Taoyuan, vit et travaille à Taipei)
Chim Pom (Collectif japonais formé en 2005 à Tokyo, actif, à Tokyo)
Liu Chuang (Né en 1978 à Hubei, vit et travaille à Shanghaï)
Song Dong (Né en 1966 à Pékin, vit et travaille à Pékin)
LaToya Ruby Frazier (Née en 1982 à Braddock, vit et travaille à New-York et à Chicago)
Coco Fusco et Guillermo Gómez-Peña (Respectivement nées en 1960 à New York, et en 1955 à Mexico Vivent et travaillent à New York)
Meschac Gaba (Né en 1961 à Cotonou , vit et travaille entre Rotterdam et Cotonou)
Renée Green (Née en 1959 à Cleveland, vit et travaille à Berlin et à San Francisco)
Hazem Harb (Né en 1980 à Gaza, vit et travaille à Rome et à Dubaï)
Mohssin Harraki (Né en 1981 à Assilah, vit et travaille à Paris)
Susan Hefuna (Née en 1962 à Berlin, vit et travaille à Düsseldorf et à New-York)
Anna Hulačová (Née en 1984 à Sušice,vit et travaille à Prague)
Nadia Kaabi-Linke (Née en 1978 à Tunis, vit et travaille à Berlin et à Kiev)
Katia Kameli (Née en 1973 à Clermont-Ferrand , vit et travaille à Paris)
Bouchra Khalili (Née en 1975 à Casablanca, vit et travaille à Berlin)
Kiluanji Kia Henda (Né en 1979 à Luanda, vit et travaille à Luanda)
Jems Koko Bi (Né en 1966 à Sinfra, vit et travaille entre Abidjan et Essen)
David Koloane (Né en 1938 à Alexandra, mort en 2019 en Afrique du Sud)
Abdoulaye Konaté (Né en 1953 à Diré, vit et travaille à Bamako)
Marcia Kure (Née en 1970 à Kano, vit et travaille à Princeton)
Hayoun Kwon (Née en 1981 à Séoul, vit et travaille à Paris et à Séoul)
Firenze Lai (Née en 1984 à Hong Kong, vit et travaille à Hong Kong
Goddy Leye (Né en 1965 à Mbouda, mort en 2011 à Bonendale)
Ibrahim Mahama (Né en 1987 à Tamale, vit et travaille à Accra)
Jawad Al Malhi (Né en 1969, Jérusalem, vit et travaille autour du Shufat Refugee Camp)
Teresa Margolles (Née en 1963 à Culiacán, vit et travaille à Madrid)
Paulo Nazareth (Né en 1977 à Governador Valadares, vit et travaille autour du monde)
Cheikh Ndiaye (Né en 1970 à Dakar, vit et travaille à Dakar et à New York)
Otobong Nkanga (Née en 1974 à Kano, vit et travaille à Anvers)
Sara Ouhaddou (Née en 1986 à Draguignan, vit et travaille à Rabat)
Akosua Adoma Owusu (Née en 1984 à Alexandria (Virginia), vit et travaille au Ghana)
Pratchaya Phinthong (Né en 1974 à Ubon Ratchathani, vit et travaille à Bangkok)
The Propeller Group (Collectif formé en 2006 à Ho Chi Minh-Ville, actif à Ho Chi Minh-Ville et à Los Angeles)
Khalil Rabah (Né en 1961 à Jérusalem, vit et travaille à Ramallah)
Younès Rahmoun (Né en 1975 à Tétouan, vit et travaille à Tétouan)
Zineb Sedira (Née en 1963 à Paris, vit à Londres et travaille entre Paris et Alger)
Penny Siopsis (Née en 1953 à Vryburg, vit et travaille à Cape Town)
Mikhael Subotzky (Né en 1981 à Cape Town , vit et travaille à Johannesburg)
Patrick Waterhouse (Né en 1981 à Bath, vit et travaille en Italie et en Afrique du Sud)
Evelyn Taocheng Wang (Née en 1981 à Chengdu, vit et travaille à Rotterdam)
Barthélémy Toguo (Né en 1967 à Mbalmayo, vit et travaille à Paris et à Bandjoun)
Thu Van Tran (Née en 1979 à Ho Chi Minh-Villeit et travaille à Paris)
Kemang Wa Lehulere (Né en 1984 à Cape Town, vit et travaille à Cape Town)
Hajra Waheed (Née en 1980 à Calgary, vit et travaille à Montréal)
Sue Williamson (Née en 1941 à Lichfield, vit et travaille à Cape Town)
Ming Wong (Né à Singapour, vit et travaille à Berlin)
Yin Xiuzhen (Née en 1963 à Pékin, vit et travaille à Pékin)
Billie Zangewa (Née en 1973 à Blantyre, vit et travaille à Londres et à Johannesburg)
Exposition Paris : « Global(e) Resistance »
Dates :Du 29 juillet 2020 au 4 janvier 2021
Lieu : Centre Pompidou – Paris
Place Georges Pompidou
75004 Paris
Métro : Rambuteau (ligne 11), Hôtel de Ville (lignes 1, 11), Châtelet (lignes 4, 7, 11, 14)
Bus : lignes 21, 29, 38, 47, 58, 69, 70, 72, 74, 75, 76, 81, 85, 96
RER : Châtelet-Les Halles (RER A, B, D)
Parking : Parc autos payant : entrée par la rue Beaubourg et par la voie souterraine des Halles.
Horaires : Exposition ouverte tous les jours de 11h à 21h, sauf le mardi. Nocturne le jeudi (23h).
Plein tarif : 14 à 11 euros, selon période.
Tarif réduit : 11 à 9 euros, selon période.
Gratuit : Pour les adhérents du Centre Pompidou (porteurs du laissez-passer annuel) et les moins de 26 ans.